Ici, les membres de la coopérative gardent la propriété privée de leurs lopins de terre. Ils y cultivent des ananas qu'ils vendent à la coopérative. Celle-ci achète toute la production au quotidien. Cette coopérative fidélise le fermier agricole. De 60 francs le Kilo, le prix de l'ananas du fermier est du simple au double, soit 130 frw, depuis que la coopérative est fondée avec un essentiel concours de l'Abbé Hodari Evalde nommé premier Curé de la nouvellement fondée Paroisse Gahara en 2004.
"Nous libérons pour l'achat d'ananas au moins 160.000 francs chaque jour. C'est dire qu'ici l'argent circule. Nos membres l'utilisent dans des activités leur permettant d'améliorer leur qualité de la vie", a dit le Président de la Coopérative , Jean Damascène Hakuziyaremye, fier de voir que depuis 2005 cette Coopérative a changé du tout au tout le train de vie des citoyens.
Ici, la monnaie circule dans la population- Pas de période de disettes !
Mais ils doivent tout cela à un curé de la Paroisse de Gahara, Abbé Hodari, y nommé en 2004. Depuis lors, ce Curé a déployé ses énergies pour organiser ces fermiers en une coopérative Tuzamurane officialisée une année après sa nomination à Gahara. Il s'est engagé à tout faire pour que ses paroissiens aient "une âme saine dans un corps sain".
Comment y est-il arrivé ?
"J'ai frappé à toutes les portes possibles. Nous avons fait des voyages d'Etude pour savoir comment traiter un ananas pour une conservation de plus de douze mois. Nous nous sommes organisés pour nous conformer aux normes exigées pour la production. Pour ce faire, nous avons reçu les certificats de RSB, le Smark et le HCCP/Hazard Analysis and Critical Control Point(système d'analyse des risques et de maîtrise des points critiques) . Nous sommes également certifiés par une maison européenne des standards au point que notre produit traverse les airs pour la France où nous l'écoulons", a dit l'Abbé Hodari qui est satisfait de voir que la Coopérative TUZAMURANE a reçu les encouragements des pouvoirs publics et des agences internationales de développement qui ont équipé la coopérative d'immeubles modernes.
"Même le terrain sur lequel nous avons construit l'usine et les bureaux, environ un hectare, il a été grâcieusement offert par le District", a indiqué l'Abbé Hodari trouvant qu'en retour il fera tout pour que ses paroissiens puissent vivre décemment. Et puis beaucoup d'organismes étatiques comme le Projet du Minagri PASP (post-harvest and agri-business support project) et l'agence de coopération américaine, USAID lui ont construit deux bâtiments, l'un abritant l'usine de transformation de l'ananas ; l'autre étant un espace de préparation et entreposage de la production.
Le Président Hakuzimana Jean Damascène est le compagnon d'arme de l'Abbé Hodari. Il suit de très près et supervise la production quotidienne de la Coopérative qui réalise des performances sans cesse grandissante. La coopérative verse à son personnel fait de 20 agents dont des experts en Food Processing une enveloppe mensuelle de 3.255.000 Frw.
Elle emploie aussi 100 saisonniers qui touchent en tout 60.000 Frw par jour.
Appréciez donc cette coopérative qui opère dans un coin le plus retiré du Rwanda vers la frontière avec la Tanzanie et le Burundi. Elle fournit sur commande à INYANGE Industries quelques 20 tonnes d'ananas et exporte régulièrement au mois vers la France quelques deux tonnes d'Ananas séchés.
Cette coopérative fait des recettes d'exportation régulières intéressantes. Rien que pour les deux dernières années, 2019, 2020 ; la Coopérative a fait entrer dans sur ses comptes bancaires respectivement 229,104USD et156,903USD, indique le Président de la Coopérative.
Une visite sur terrain constate des citoyens qui ont le sourire aux lèvres.
"A la fin de l'année, à l'heure du bilan, nous versons sur leurs comptes de pension-retraite dite EJO HEZA et de Mutuelle de Santé domiciliés à la RSSB/Rwanda Social Security Fund, la somme de 48.000 frw pour chaque coopérateur", a indiqué Hakuziyaremye.
Le promoteur Abbé Hodari non satisfait : Un immeuble d'habitation collective
L'Abbé Hodari, le promoteur, siège en Assemblée générale avec une voix égale à celle des autres coopérateurs. Pourtant cette humilité cache une ambition noble. Il brûle de voir construit un gros immeuble pour les 141 membres de la coopérative qui dégageront les espaces agricoles où ils ont construit leurs habitations.
"Moi, je vise la perfection. Nos fermiers doivent vivre parfaitement décemment et consolider leurs terres pour une plus grande production. Les leaders d'opinion doivent jouer ce rôle de catalyseur des énergies des citoyens qui doivent manifester qu'ils aiment leur patrie et Dieu en étant parfaitement affranchis de la pauvreté et du sous développement mental", a dit l'Abbé Hodari, aujourd'hui à la retraite. Il tient à être un parfait modèle d'autres leaders d'opinion qui vivent, cotoyent et accompagnent au quotidien les citoyens qui n'ont pas nécessairement les moyens intellectuels suffisants pour surmonter les défis du sous développement.
Jovin Ndayishimiye